L'alignement
pédagogique, la proposition d'évaluer les apprentissages en situation
authentique et la rétroaction sont trois outils pédagogiques qui peuvent
contribuer à améliorer la qualité de l’enseignement et favoriser de meilleurs
apprentissages. Dans mon cas spécifique, les trois outils ont instinctivement
été utilisés, mais un usage plus systématique et formalisé me permettrait d’en
tirer davantage de bénéfices.
Premièrement,
en formation documentaire l’alignement pédagogique s’effectue naturellement
autour de la demande du professeur disciplinaire. Une approche plus globale et
disciplinaire comme le suggère Biggs et Tang (2011) pourra bonifier les apprentissages. En effet, les auteurs proposent de considérer
les objectifs du cours et ceux du programme universitaire. Gérard propose d’alignement
pédagogiquement les objectifs, les activités d’apprentissage et d’évaluation
sur les niveaux cognitifs visés. Ces deux stratégies pourront favoriser la
cohérence du dispositif d’apprentissage.
Une fois
les contenus et les objectifs d’apprentissage définis, j’identifie les
activités d’apprentissage et d’évaluation qui pourront le mieux en permettre
l’apprentissage. À cet effet, les paramètres proposés par Nizet, Leroux, Deaudelin, Béland, et
Goulet (2016)
pour définir une situation d’évaluation et de pratique évaluative pourront
contribuer à formaliser cette réflexion, en explicitant le contexte, les
modalités, la médiatisation et la médiation relationnelle. Puis, un exercice
simple, mais systématique d’alignement pédagogique des objectifs, des activités
d’apprentissage et d’évaluation sur les niveaux cognitifs visés comme suggéré
par Gérard (2015, 25 août) pourra aussi favoriser la cohérence pédagogique.
Deuxièmement, la proposition d'évaluer les apprentissages en situation
authentique semble représenter un idéal pour
plusieurs auteurs en éducation (Clark, Dessus,
& Marquet, 2009; Duval & Pagé, 2013; Nizet et al., 2016; Prégent,
Bernard, & Kozanitis, 2009). Comme le contexte peut le rendre difficile à opérationnaliser,
certains praticiens la considèrent comme « un modèle idéal qui doit
orienter la réflexion et les pratiques » (Blozaire, 2014, p.
32). Cette inspiration plus libre peut mieux convenir
au contexte changeant et atypique de la formation documentaire.
Troisièmement du côté de la rétroaction, à la lumière du texte de Rodet (2000), je constate que mes pratiques peuvent aussi être bonifiées.
L’auteur identifie 4 types de
rétroaction permettant d’accompagner adéquatement l’étudiant : une
rétroaction sur l’appropriation cognitive
de la matière proposée; sur l’appropriation méthodologique de la tâche à réaliser; sur l’appropriation métacognitive lors de la réalisation de
la tâche; ainsi qu’un support affectif
et motivationnel de l’étudiant. Les deux premiers types de rétroactions
sont mes pratiques les plus courantes et en lien avec la matière que
j’enseigne. Tandis que l’enseignement des processus métacognitifs est souvent
fait oralement, en décrivant aux étudiants comment je réfléchis une
problématique. Cependant, les étudiants ne sont pas formés et ne reçoivent pas
de rétroaction sur leur propre pratique de métacognition. Enfin, le support affectif et motivationnel de
l’étudiant constitue un thème que j’ai moins exploré et qui mériterait de
l’être. Kozanitis (2017) fait valoir qu’elles exigent une personnalisation
et un ajustement de la rétroaction, mais offre un accompagnement motivationnel
conférant davantage de valeur à la rétroaction. Dans le temps imparti et au
nombre d’étudiants que je rencontre, je devrai réfléchir à quelle forme
pourrait prendre ce type de rétroaction.
Finalement, je considère qu’en pédagogie il y a constamment place à
l’amélioration. L'alignement pédagogique, la proposition d'évaluer les
apprentissages en situation authentique et diversifier les types de rétroaction
constituent des pistes que je compte explorer en temps opportun.
Références
Biggs, J. B., & Tang, C. (2011). Teaching for quality
learning at University (3e éd.). Londres,
Royaume-Uni: The Society for Research into Higher Education & Open
University Press.
Blozaire, P. (2014). Les compétences et connaissances
en évaluation des apprentissages : état
des lieux Repéré à https://www.usherbrooke.ca/pedagogie/fileadmin/sites/pedagogie/MPES-DPES/Paul_Blozaire.pdf
Clark, R., E., Dessus, P., & Marquet, P.
(2009). À la recherche des ingrédients actifs de l’apprentissage. Distances & Savoirs, 7(1).
Duval, A.-M., & Pagé, M. (2013). La situation authentique : de la conception
à l'évaluation : une formule pédagogique pour toutes les disciplines (1re éd.). Montréal, QC: Association québécoise de pédagogie collégiale.
Gérard, L. (2015, 25 août). L’alignement
pédagogique: un concept clé en pédagogie universitaire. Repéré le
2018-05-18, à http://cooperationuniversitaire.blogs.docteo.net/2015/08/25/lalignement-pedagogique-le-concept-cle-en-pedagogie-universitaire/
Kozanitis, A. (2017). La rétroaction : outil
d’information, de formation et de motivation Repéré le 2018-07-04, à
https://www.moodle2.uqam.ca/coursv3/pluginfile.php/2299383/mod_page/content/21/Retroaction.pdf
Nizet, I., Leroux, J. L., Deaudelin, C.,
Béland, S., & Goulet, J. (2016). Bilan de pratiques évaluatives des
apprentissages à distance en contexte de formation universitaire. Revue internationale de pédagogie de
l’enseignement supérieur, 32(2).
Prégent, R., Bernard, H., & Kozanitis, A.
(2009). Enseigner à l'université dans une
approche-programme : guide à l'intention des nouveaux professeurs et chargés de
cours. Montréal, QC: Presses internationales Polytechnique.
Rodet, J. (2000,). La rétroaction, support
d'apprentissage? Distances & Savoirs, (482).
Il est bien intéressant de mettre en parallèle les trois éléments pédagogiques que tu fais ressortir dans ton billet. Sans que ces derniers portent vers des actions « isolées », il semble que de s’y attarder de la sorte permet de nourrir une réflexion plus élargie et de solidifier la cohérence entre chacun d’eux. On a donc, selon moi, tout avantage à les considérer en corrélation pour les intégrer toujours un peu plus à notre pratique, comme tu le proposes! En effet, le fait de bien aligner les objectifs d’apprentissage, les activités d’apprentissage et celles d’évaluation ne contribue-t-il pas à mieux cibler une évaluation dite authentique? Cela dit, je suis d’accord avec toi, il ne semble pas toujours évident de s’inscrire directement dans une situation réelle ou se rapprochant de ce que l’étudiant sera amené à vivre dans sa vie professionnelle. Néanmoins, dans le contexte qui nous intéresse, l’utilisation du numérique comme support pédagogique en enseignement supérieur aura certainement déjà un rôle (transversal) à jouer pour permettre aux étudiants de « développer et de maintenir leurs compétences [numériques] tout au long de leur vie » (Gouvernement du Québec, 2018). N’est-ce pas déjà là un petit pas vers l’authenticité que de préparer les étudiants au marché du travail qui saura certainement faire appel à ces compétences numériques (CEFRIO, 2016)? (dans le respect du principe d’alignement pédagogique bien sûr!(Lebrun, 2010))
RépondreSupprimerUn enseignement de qualité ne saurait certes pas se limiter à un bon alignement-authentique ; l’atteinte de ces mêmes objectifs, ou le développement des compétences ou connaissances visées par ceux-ci, seront ensuite pertinemment soutenus par des rétroactions ciblées notamment selon le niveau de développement cognitif qui est visé. Je suis d’ailleurs très curieuse d’aller lire la référence de Rodet (2000) que tu nous proposes concernant les types de rétroaction. Cette lecture risque de venir contribuer à améliorer encore davantage ma conception d’une situation d’enseignement-apprentissage visant à favoriser toujours plus l’apprentissage de l’étudiant. Comme tu le dis, il y aura toujours place à l’amélioration ; merci pour ce partage, qui y contribue.
Références bibliographiques
CEFRIO. (2016). Netendances. Compétences numériques des adultes québécois (Vol. 7, pp. 17). Québec.
Gouvernement du Québec. (2018). Plan d'action numérique en éducation et en enseignement supérieur (pp. 85). Québec: Gouvernement du Québec,.
Lebrun, M. (2010). Comprendre l’apprentissage pour enseigner … J’enseigne oui, mais apprennent-ils ? Repéré à http://lebrunremy.be/WordPress/?page_id=289