mardi 8 mai 2018

Été 2018 _ billet 1 : Susciter la motivation et l'engagement de l’étudiant


Bawa (2016) dans sa revue de littérature relèvent des facteurs sociaux, techniques et motivationnels pouvant nuire à l’engagement de l’étudiant dans ses apprentissages. Or, Chekour, Chaali, Laafou et Janati-idrissi (2015) rappellent à ce sujet la théorie d'auto-efficacité de Bandura (1994). Elle a permis d’identifier des facteurs sur lesquels s’appuyer pour motiver l’étudiant dans ses apprentissages. Selon cette théorie, l’étudiant perçoit son efficacité à l’apprentissage entre autres à travers ses performances antérieures, par les encouragements verbaux d’autres personnes et à travers le plaisir qu’il ressent à l'apprentissage.

Ces facteurs peuvent favoriser la motivation de l’étudiant à s’engager dans ses apprentissages. Je veux offrir à l’étudiant davantage d’opportunités d’aviver leur motivation en offrant davantage d’opportunités de bien performer. En soi, cette stratégie fournit davantage d’occasions à l’enseignant d’encourager l’étudiant. Elle lui fournit, à lui, davantage d’opportunité de vivre la satisfaction du succès ou du travail bien fait. Puis, une attention particulière peut être portée à l’ambiance de classe afin d’y favoriser la bonne humeur.

Concrètement, pour offrir à l’étudiant davantage d’opportunités de performer positivement, à l’instar de Fontaine, Savoie-Zajc et Cadieux (2013) je peux adopter une approche intégrant l’évaluation formative. Les auteurs expliquent que cette approche vise l’ajustement des stratégies d’enseignement au profit de l’étudiant. La séquence type comprend « apprentissage, évaluation formative, enseignement correctif ». Cette approche propose des contenus découpés, selon une progression en lien avec les objectifs d’apprentissage. Pour chaque section découpée, une activité (exercice, quiz, etc.) évalue de manière formative l’atteinte de l’objectifs (Scallon, 2015). Cette approche décompose la matière à apprendre et l’étudiant peut observer plus souvent ses performances. Puis, étudiant et enseignant avons plus d’observations à partir desquelles discuter des apprentissages et encourager.

Le plaisir me semble également favorisé par un plus grand nombre d’activités variées. Chaque nouvelle activité est une occasion d’échanger, de valider qu’enseignant et étudiant se comprennent ou de vérifier comment s’est déroulée la dernière activité. L’étudiant a plus d’occasions où l’information circule de façon bidirectionnelle; de se sentir entendu et encouragé (Power, 2002). Enfin, j’ajouterais que lorsque les contenus sont découpés, les activités nécessaires mais mal aimées durent simplement moins longtemps.

Enfin, concrètement pour mettre en œuvre la théorie d'auto-efficacité (Bandura, 1994) par une approche intégrant l’évaluation formative (Fontaine et al., 2013; Scallon, 2015), je compte utiliser le design pédagogique pour découper et articuler de façon cohérente les activités en fonction d’objectifs d’apprentissages ciblés. Le design pédagogique permet de planifier les unités d’apprentissages, les activités y contribuant et les évaluations (Branch, 2009). Dans ce design pourra être intégré des moments où : d’une part, j’échange et j’encourage l’étudiant en fonction de ses besoins; d’autre part, où je prends le pouls sur son expérience vécue, s’il se sent encouragé et s’il a du plaisir. Évidemment, ce suivi que je qualifierais ‘’de proximité’’ est exigeant pour l’enseignant. Cependant, fournir davantage d’occasions d’encourager l’étudiant, de vivre de la satisfaction, ainsi que de constater ses acquis me semblent des actions favorisant l'apprentissage de l'étudiant, car elles sont centrées sur celui-ci.



Références

Bandura, A. (1994). Self-efficacy. Dans R. V. S. (dir.), Encyclopedia of human behavior (Vol. 4, p. 71-81). New York: Elsevier.

Bawa, P. (2016). Retention in Online Courses: Exploring Issues and Solutions—A Literature Review. SAGE Open, 1-11. doi: 10.1177/2158244015621777

Branch, R. M. (2009). Instructional Design : The ADDIE Approach. New York, NJ: Springer.

Chekour, M., Chaali, R., Laafou, M. et Janati-idrissi, R. (2015). Impact des théories de la motivation sur l'apprentissage dans le contexte scolaire. Epi.

Fontaine, S., Savoie-Zajc, L. et Cadieux, A. (2013). L’impact des CAP sur le développement de la compétence des enseignants en évaluation des apprentissages. Éducation et francophonie, 41(2), 10-34.

Power, M. (2002). Générations d’enseignement à distance, technologies éducatives et médiatisation de l’enseignement supérieur. International Journal of E-Learning & Distance Education, 17(2), 57-69.

Scallon, G. (2015). Des savoirs aux compétences : explorations en évaluation des apprentissages. Montréal: Pearson : Éditions du Renouveau pédagogique Inc. ERPI.

2 commentaires:

  1. Tu mentionnes trois mesures concrètes pour soutenir la persévérance de tes étudiants. Pour la première, tu évoques l’évaluation formative de même que le découpage des contenus et de la séquence d’enseignement. Je me demande si tu pourrais arriver aux mêmes fins en bonifiant ta manière de donner des rétroactions, lesquelles figurent parmi les stratégies d’enseignement les plus efficaces selon Hattie (2017). J’aime aussi cette infographie qui résume quelques stratégies efficaces. Elle pourrait peut-être te donner des pistes de réflexion.

    Tu évoques aussi la stratégie de varier les activités. Ça m’apparait être une piste prometteuse puisque ça risque de rejoindre les intérêts et les profils d’un plus grand nombre d’apprenants. Pour moi, varier les activités équivaut aussi à varier les médias pour diversifier les entrées. Toutefois, j’avais été surprise de lire que la majorité des études ne peuvent conclure que les images, les graphiques, l’audio, la vidéo ou la combinaison de ces médias affectent de manière significative les résultats d’apprentissage (Means, Toyama, Murphy, Bakia, & Jones, 2009, p. 41). J’avoue ne pas trop savoir quoi faire avec cette donnée… et je continue de faire à ma tête ;-)

    Enfin, tu prévois insérer dans ton design pédagogique davantage de moments de « proximité » et d’échanges avec les étudiants. Cette stratégie me semble plus réaliste en présentiel qu’en ligne. De mon côté, je n’ai eu la chance de rencontrer qu’un seul étudiant que j’accompagne et je n’ai parlé qu’avec quelques-uns d’entre eux seulement. Nul doute que de relire les pistes de Jézégou serait approprié pour créer de la présence à distance (2010)!

    Références

    Hattie, J. (2017). L'apprentissage visible pour les enseignants: connaître son impact pour maximiser le rendement des élèves: PUQ.
    Jézégou, A. (2010). Créer de la présence à distance en e-learning. Distances et savoirs, 8(2), 257-274.
    Means, B., Toyama, Y., Murphy, R., Bakia, M., & Jones, K. (2009). Evaluation of evidence-based practices in online learning: A meta-analysis and review of online learning studies.

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    1. Merci pour ces pistes Julie.
      Je pensais effective à de la présence à distance par de la communication régulière et répétée. C'est certain que cette volonté est peut-être un peu idéalisée et plus difficile à mettre en pratique.

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