Certaines conditions peuvent être réunies ou évitées pour favoriser l’établissement
d’une relation tutorale aidante. Une analyse de type SWOT (ou FFOM en français :
forces, faiblesses, opportunités, menaces) permet au tuteur de s’approprier la
littérature sur le sujet afin de réinvestir ces connaissances dans sa pratique.
Les différentes conditions recensées sont présentées sous la forme classique de
cette analyse au tableau 1.
Parmi
ses forces, le tuteur doit démontrer la solidité de ses connaissances
(cognitives) liées au contenu du cours. Il doit aussi montrer qu’il connait
bien les processus à réaliser pour se les approprier, comme la nature des travaux
demandés ou les objectifs des évaluations à venir. L’enseignant doit aussi être
en mesure d’assurer un accompagnement métacognitif auprès de l’étudiant. Par
des questions ou des exemples, l’étudiant doit sentir qu’il s’approprie le
processus d’apprentissage et qu’il gagne en autonomie dans ce rôle. Puis,
Baudrit (2000) nomme la capacité de « congruence cognitive » (Depover, Baron, Lièvre, & Peraya, 2011, p. 112) comme force recherchée chez le tuteur. Il s’agit
de sa capacité à partir des connaissances de l’apprenant pour en construire de
nouvelles, ainsi qu’à s'adresser à l'étudiant dans un langage qu'il comprend bien.
Avoir le sentiment d’avoir bien compris renforce le sentiment d’efficacité
personnel et le sentiment de compétence.
Certaines faiblesses sont à
éviter chez le tuteur. Premièrement, le tuteur doit être en mesure de créer un
lien avec l’étudiant. Une faiblesse à la fonction de tutorat apparaît, si le
tuteur ne sait se rendre suffisamment disponible au moment qui convient à l’étudiant
et par des moyens qui lui paraissent raisonnables. Deuxièmement, le tuteur doit
être en mesure de juger le besoin de rétroaction de l’étudiant, afin que cette
information appuie l’apprentissage de l’étudiant au bon moment, en quantité
suffisante, mais gérable pour l’étudiant. Cette modulation de l’information
fournie répond au besoin cognitif de se sentir soutenu, mais non pas submergé (Depover et al., 2011), ainsi qu’au besoin affectif,
motivationnel et de confiance en soi de l’étudiant (Burton et al., 2011). Troisièmement, l’incapacité du tuteur à se
mettre à la place de l’étudiant peut causer des lacunes importantes dans la
relation d’aide et l’apprentissage métacognitif requis. Certains auteurs
suggèrent d’expérimenter le rôle de l’apprenant pour mieux comprendre l’expérience
d’apprentissage en question (Depover et al., 2011, pp. 112, 161 ).
Différentes opportunités
contribuent à établir une bonne relation de tutorat. Il convient au tuteur d’être
proactif en initiant le contact avec l’étudiant, en vérifiant les connaissances
de l’étudiant quant aux processus prévus de l’apprentissage (échéanciers,
objectifs, le temps à investir, les ressources à sa disposition, etc.). Il
revient aussi au tuteur de prendre connaissance des objectifs personnels et des
attentes de l’étudiant et de réfléchir à comment le cours peut y répondre.
Encore, il reste de la responsabilité du tuteur de réitérer cette information
au cours de l’apprentissage, lorsque le contexte s’y prête, soit en temps
opportun.
Enfin, le tuteur doit identifier
et gérer les menaces à l’apprentissage, comme la propension à certains
étudiants à ne pas demander ou ne pas vouloir d’aide (Depover et al., 2011). Il doit constater cette
attitude lorsqu’elle survient et tenter d’accompagner l’étudiant dans l’identification
de cette attitude. Une autre menace identifiée dans la littérature se situe au
niveau des contraintes organisationnelles. Coppola et ses collègues en 2001 (Depover et al., 2011, p. 111) ont identifié surtout le
manque de temps pour analyser les productions de l’étudiant, identifier ses
lacunes, les causes de celles-ci et développer des processus d’apprentissage
mieux adaptés. Or, le tutorat constitue un engagement envers l’étudiant et ne
doit pas plier devant cette menace. Le tuteur doit fournir les efforts
nécessaires, comme travailler tard le soir ou sous pression, afin de fournir
les rétroactions dont l’étudiant a besoin.
Ainsi, cette revue non exhaustive
de forces, faiblesses, opportunités et menaces qui guettent le tutorat met en évidence
le caractère exigeant, mais aussi très sensible et humain de ce rôle. Puis, c’est
sans doute dans l’investissement du tuteur dans son rôle qu'il atteint ses propres
objectifs et une satisfaction professionnelle.
Tableau 1
Analyse SWOT du tutorat.
Forces
|
Faiblesses
|
|
|
Opportunités
|
Menaces
|
|
|
Source. Depover, C.,
Baron, G. L., Lièvre, B. d., & Peraya, D. (2011). Le tutorat en formation à
distance. Bruxelles: De Boeck.
Référence
Burton, R.,
Borruat, S., Charlier, B., Coltice, N., Deschryver, N., Docq, F., & Eneau,
J. (2011). Vers une typologie des dispositifs hybrides de formation en
enseignement supérieur. Distances et
savoirs, 9(1), 69–96.
Depover, C., Baron, G. L., Lièvre, B. d., & Peraya, D. (2011). Le tutorat en formation à distance.
Bruxelles: De Boeck.
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